MICI

Question : qu’appelle-t-on maladie de Crohn et recto-colite ulcéro-hémorragique (RCUH) ?

La maladie de Crohn et la RCUH, également appelées «maladies inflammatoires chroniques de l’intestin» ou MICI, sont deux maladies distinctes de l’appareil digestif.

Votre appareil digestif vous permet de digérer les aliments et d’éliminer les déchets solides de votre organisme. Il comprend la bouche, l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle (le petit intestin) et le côlon (le gros intestin), le rectum et l’anus. Le schéma illustre les différentes parties de l’appareil digestif.

La maladie de Crohn et la RCUH causent des lésions aux muqueuses de l’appareil digestif en provoquant l’apparition d’une inflammation, de plaies (ulcères) et de saignements, et une fibrose. Elles peuvent donner lieu à des symptômes douloureux et gênants, comme la douleur et les crampes abdominales et la diarrhée (qui peut être sanglante). D’autres symptômes possibles sont une diminution de l’appétit, la malnutrition et une perte de poids. La maladie de Crohn et la RCUH occasionnent des symptômes qui ne touchent pas que les voies digestives, comme une fatigue, une fièvre, des ulcères buccaux, des éruptions cutanées, une inflammation des yeux ou des douleurs articulaires.

Dans la maladie de Crohn, on peut également retrouver des lésions au niveau de l’anus comme des ulcères, des fissures ou des fistules.

Les causes de ces maladies sont encore inconnues, bien que l’on ait pu déterminer l’implication d’un certain nombre de facteurs : génétiques, environnementaux (notamment le tabac) et immunologiques. Elles peuvent être diagnostiquées à tout âge de la vie mais se révèlent le plus souvent chez l’adulte jeune.

Les deux maladies se caractérisent par des phases d’activité dont l’intensité est variable (appelées «poussées»), alternant avec des périodes de rémission. Elles peuvent rester silencieuses (endormies) pendant une période plus ou moins longue (parfois de nombreuses années) entre chaque crise.

Elles peuvent avoir des répercussions sérieuses sur la santé. Du fait de la sévérité et de la chronicité des symptômes, un retentissement sur la vie quotidienne familiale et professionnelle est fréquent.

La prise en charge et un bon suivi médical sont indispensables au bon traitement des MICI.

Question : quelles sont les causes des MICI ?

Les causes des MICI restent inconnues. Cependant, les chercheurs penchent vers le résultat d’une réaction anormale du système immunitaire de l’organisme.

Normalement, le système immunitaire protège contre les infections en identifiant puis en détruisant les bactéries, virus et autres organismes étrangers potentiellement nocifs. Les chercheurs envisagent que la maladie de Crohn serait le résultat d’une défaillance du système immunitaire, qui attaquerait les bactéries, les aliments et d’autres substances qui sont en fait inoffensifs ou bénéfiques.

On ne connaît pas encore la nature du phénomène déclencheur mais on pense que celui-ci diffère d’une personne à l’autre.

Les études ont permis de démontrer le rôle néfaste du tabac sur la maladie de Crohn tant sur le risque d’apparition de la maladie que l’aggravation des symptômes. L’arrêt du tabac a un impact positif sur la maladie.

Question : comment se manifeste la maladie et quels sont les symptômes ?

Les symptômes peuvent être insidieux, peu importants et évoluer ainsi pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois ou, au contraire, se manifester dès le début de façon plus grave :

  • Douleurs abdominales, crampes.
  • Diarrhée.
  • Saignement au niveau du rectum.
  • Ballonnement.
  • Fatigue.
  • Perte de poids.
  • Fièvre.
  • Nausées, manque d’appétit.
  • Vomissements.
  • Faux besoins (besoins faussement urgents).

Les MICI peuvent aussi donner des symptômes en-dehors du tube digestif :

  • Douleurs articulaires.
  • Inflammation au niveau des yeux.
  • Atteinte de la peau.
Question : quels examens pour confirmer le diagnostic ?

Analyse de sang  qui permettra de détecter les signes d’inflammation ou d’infection ainsi qu’une anémie éventuelle causée par les saignements.

Analyse de selles pour éliminer d’autres causes de diarrhée (infection) et déterminer l’inflammation (dosage de calprotectine).

La coloscopie est un examen qui permet de voir les parois du côlon et d’une petite partie de l’intestin grêle à l’aide d’un tube souple équipé d’une minuscule caméra et introduit par l’anus. Cet examen nécessite une préparation pour vider l’intestin. Il est réalisé sous anesthésie.

MICI
Vues endoscopiques d’un colon normal (en haut de l’image) et d’une maladie inflammatoire chronqiue de l’intestin (en bas de l’image).

L’examen microscopique. Pendant la coloscopie, on prélève de tous petits morceaux d’intestin qui seront analysés au microscope. Ces analyses aideront à faire la différence entre la maladie de Crohn et la RCUH.

Le scanner et l’IRM permettent de voir des lésions sur les parties d’intestin qu’on ne peut pas atteindre avec la coloscopie. Ils permettent aussi de localiser un abcès, une fistule ou une sténose (rétrécissement).

Question : quels sont les traitements des MICI ?

Le but du traitement est de cicatriser les plaies de l’intestin le plus rapidement possible pour diminuer les symptômes et ainsi avoir une qualité de vie meilleure au possible.

Le traitement dépend de la localisation et de la sévérité de la maladie.

Certaines personnes ont de longues périodes sans symptôme. Prédire le retour des symptômes n’est pas possible.

Malgré la nécessité de prendre des médicaments et les hospitalisations possibles, la plupart des patients parviennent à trouver un équilibre dans leur vie familiale, professionnelle et dans leurs diverses activités.

Les médicaments

Les 5-aminosalicylates, ce sont des anti-inflammatoires qui agissent au niveau de l’intestin. Pris par voie orale et/ou par voie rectale dès le début du traitement. Ils sont très bien tolérés et peuvent être pris pendant une très longue période.

Les antibiotiques

Ils sont utilisés principalement en cas de complications infectieuses (abcès ou fistules) ou de poussées légères.

Ils seront souvent associés à un autre médicament.

Les corticoïdes

Ces médicaments (Medrol) sont indispensables à des doses souvent élevées pour diminuer les symptômes des poussées assez sévères mais ils ont aussi des effets secondaires. C’est pour cette raison qu’ils seront progressivement diminués quand les symptômes seront contrôlés, puis arrêtés et remplacés par un autre traitement.

Les corticoïdes topiques (Entocort, Budénofalk, Clipper) : ces médicaments sont détruits à 90% dès leur absorption dans l’intestin ce qui limite les effets secondaires. Ils vont diminuer l’inflammation en agissant uniquement au niveau de l’intestin.

Les immunosuppresseurs

Imuran, Purinethol, Ledertrexate : ces médicaments agissent en bloquant la réaction immunitaire qui contribue à l’inflammation.

L’immunité étant diminuée, les patients se défendent donc moins bien contre les infections.

Avec l’Imuran, des nausées sont souvent présentes les premiers jours du traitement. Certaines personnes développent une allergie qui se manifeste par une pancréatite (douleur qui irradie dans le dos). Le traitement sera alors stoppé immédiatement.

Le Ledertrexate interdit toute grossesse pendant le traitement. Une contraception doit être mise en place.

Les anti-TNF

Ces médicaments sont aussi des immunosuppresseurs mais qui agissent d’une autre façon.

Il faut vérifier qu’il n’y a aucune infection latente avant de commencer le traitement en réalisant quelques examens (prise de sang, intradermo, radio thorax).

Le Rémicade est administré par voie intraveineuse toutes les 6 à 8 semaines et nécessite une hospitalisation de quelques heures. Le risque principal (et peu fréquent) est la réaction allergique. Surveillance et traitement sont prévus dans ce sens par l’équipe de l’hôpital de jour.

L’Humira est administré par injection toutes les 2 semaines. Le patient (ou un proche) fait l’injection lui-même après une période d’apprentissage. Le risque principal est une réaction cutanée.

Les progrès thérapeutiques sont en constante évolution. De nouveaux traitements de la même famille sont en cours de développement.

Les traitements symptomatiques

Les anti-diarrhéiques et les antispasmodiques vont traiter les symptômes mais pas soigner la maladie.

La chirurgie

Il arrive que le traitement médicamenteux ne soit pas suffisant pour contrôler la poussée. Dans ce cas, un traitement chirurgical doit être envisagé pour soulager les symptômes ou corriger une complication. Le gastro-entérologue, le chirurgien et le patient discuteront alors de l’opération afin de prendre la meilleure décision.

En cas d’atteinte de la maladie de Crohn au niveau de l’anus, une prise en charge conjointe médicale et chirurgicale est souvent nécessaire.

Conseils hygiéno-diététiques
Adapter son mode de vie

Alimentation :

Aucun régime spécial n’a prouvé son efficacité dans la prévention des MICI, mais il est important que les personnes qui ont une MICI aient une alimentation équilibrée et évitent les aliments qui semblent aggraver les symptômes.

Les personnes atteintes de MICI connaissent souvent une diminution de l’appétit, ce qui peut affecter leur capacité à recevoir l’apport nutritionnel quotidien nécessaire à la guérison. En outre, les MICI associent la diarrhée et une moins bonne absorption des nutriments nécessaires.

Il n’y a pas d’aliment reconnu comme cause des MICI mais les aliments comme les céréales, les épices, l’alcool et les produits laitiers peuvent augmenter la diarrhée et les crampes.

En période de poussée, un régime pauvre en fibre est recommandé. Il améliore le confort, diminue la diarrhée et les douleurs abdominales. Ce régime doit être élargi dès que l’état s’améliore.

Le médecin pourra adresser le patient souffrant d’une MICI à une diététicienne afin de lui fournir des conseils sur l’alimentation recommandée, ainsi que sur la planification des repas.

Le médecin peut prescrire du calcium, de la vitamine D et d’autres médicaments pour prévenir ou traiter l’ostéoporose chez les patients qui prennent des corticostéroïdes. Il est nécessaire de consulter son médecin avant d’envisager de prendre des compléments vitaminiques.

Tabac :

Des études ont montré que des personnes présentant la maladie de Crohn et qui fument, peuvent connaître des symptômes plus graves et des complications accrues de la maladie, avec un besoin plus élevé en doses de médicaments.

Les personnes atteintes de la maladie de Crohn qui fument sont plus susceptibles d’avoir besoin de chirurgie.

Cesser de fumer peut améliorer considérablement le cours de la maladie de Crohn et aider à réduire le risque de complications et de poussées. Il peut donc être intéressant de se tourner vers un spécialiste du sevrage tabagique qui pourra être recommandé par votre médecin.

Vaccination :

Le traitement par immunosuppresseurs rend les patients plus fragiles aux infections en général.

La vaccination contre certaine maladie est importante. Un relevé des vaccins à prévoir sera fait avec votre médecin.

Voyager :

Les voyages ne posent aucun problème quand la maladie est stabilisée ou en rémission.

Il faut :

  • Continuer le traitement d’entretien aux mêmes doses.
  • Prévoir une quantité suffisante de médicaments pour la durée du séjour.
  • Respecter les recommandations de conservation des médicaments.
  • Éviter les crudités.
  • Boire de l’eau en bouteille uniquement.
  • Être en ordre de vaccinations selon les destinations si vous êtes sous immunosupresseurs.

Grossesse :

Une grossesse ne pose pas de problème en cas de MICI. Toutefois, il est préférable de planifier une grossesse quand la maladie est stabilisée.

Il faut en discuter avec votre gastro entérologue qui adaptera le traitement médicamenteux.

Les médicaments :

Les anti-inflammatoires (autres que ceux du traitement des MICI) sont à éviter rigoureusement.

En cas de douleur, il faut privilégier d’autres médicaments comme le paracétamol.

Les antibiotiques risquent de modifier l’équilibre de la flore intestinale. Ils devront être associés à un probiotique.

Liens utiles
L’équipe
  • Docteur Arnaud Colard : gastro-entérologue.
  • Docteur Fernand Fontaine : gastro-entérologue.
  • Docteur Serge Markiewicz : chirurgie digestive.
  • Laura Gilles : diététicienne.
  • Tifène Flamand : tabacologue.
  • Karine Péters : infirmière coordinatrice.
REMARQUE IMPORTANTE

Ces informations n’ont pour but de ne fournir que des informations générales et ne doivent pas servir d’aide pour poser un diagnostic ou proposer un traitement pour des cas particuliers. Il est très important de consulter votre médecin pour votre cas particulier.