Oncogénétique

L’oncogénétique s’intéresse à la prédisposition héréditaire aux cancers et à l’ensemble des techniques de biologie moléculaire visant à mettre en évidence les anomalies génétiques (mutations) qui confèrent un risque héréditaire de prédisposition familiale à un ou plusieurs cancers.

Le cancer peut être d’origine « héréditaire » dans 5% des cas de cancer de l’adulte, notamment quand il s’agit de cancers du sein et/ou de l’ovaire et du côlon.

On retrouve alors fréquemment dans ses familles des cancers à un âge inhabituellement précoce ainsi que plusieurs cas de cancers dans la famille.

Une prise de sang peut permettre d’identifier une anomalie génétique responsable de la survenue de cancers dans une famille. Lorsqu’une telle anomalie génétique est identifiée, on peut dans un second proposer aux autres membres de la famille de réaliser à leur tour une prise de sang afin de déterminer s’il sont porteurs de l’anomalie génétique prédisposante aux cancers ou non.

On peut ainsi éviter une surveillance inutile à ceux qui ne sont pas porteurs et prendre des mesures de dépistage et de prévention adaptées au risque pour ceux qui sont porteurs. C’est en effet cette prédisposition qui est transmise et non le développement inéluctable d’une maladie cancéreuse.

Rendez-vous

La consultation d’oncogénétique s’adresse le plus souvent à des patients ayant développé un cancer à un âge particulièrement précoce et/ou ayant des antécédents familiaux de cancer. Plus rarement, elle peut s’adresser à des personnes indemnes, mais ayant des antécédents familiaux de cancer.

Vous pouvez consulter de votre propre initiative ou être adressé(e) par un médecin.

Il est important de se munir de tous les documents médicaux en votre possession concernant vos antécédents et ceux de votre famille.

Contact : Docteur Olivier Plomteux : 04/224.89.00 (service d’oncologie) ou 04/224.89.60 (service de gastro-entérologie).

La première consultation

Celle-ci se déroule en trois étapes :

  • Première partie : l’histoire familiale sera retracée avec établissement d’un arbre généalogique.
  • Deuxième partie : une information générale sur le cancer, la génétique et la prédisposition héréditaire au cancer vous sera donnée. Vous recevez à ce stade une information complète sur les caractéristiques de la prédisposition génétique suspectée, de son mode de transmission dans la famille, de son spectre tumoral et des différentes mesures de dépistage et de prévention à mettre en œuvre, y compris les mesures chirurgicales.
  • Troisième partie : un test de génétique (prise de sang), dont l’objectif est de rechercher une éventuelle prédisposition génétique au cancer, peut dans certains cas vous être proposé.Si vous consultez en raison de votre histoire familiale sans avoir été atteint de cancer vous-même, ce test devra être réalisé au préalable – et dans la mesure du possible – chez l’un des membres de votre famille ayant développé un cancer (en particulier à un âge précoce).Le choix de réaliser ces analyses de génétiques est strictement personnel et s’inscrit dans une démarche volontaire de votre part.Dès la première consultation, vous et vos proches pourrez à tout moment rencontrer une psychologue.
Test génétique

Test génétique diagnostique :

Le test consiste à identifier une anomalie (mutation) de gènes spécifiques dont la transmission de génération en génération au sein d’une famille est à l’origine d’un risque élevé de développer un cancer chez les membres qui en sont porteurs.

Ce test génétique sera réalisé à partir d’une simple prise de sang faite chez une personne de la famille ayant la plus forte probabilité d’être porteuse d’une anomalie génétique prédisposant au cancer (personne ayant développé un cancer à un âge jeune par exemple). En effet, il peut exister des cancers fortuits (non héréditaires) dans les familles où une anomalie génétique se transmet.

Les délais d’obtention des résultats sont de 6 mois environ pour l’identification de l’anomalie génétique dans la famille.

Test génétique prédictif ou pré-symptomatique :

Ce test s’adresse aux membres d’une famille dans laquelle une anomalie génétique prédisposante aux cancers a été identifiée.

Les délais sont plus courts (2 mois) pour l’identification de cette même anomalie génétique, dès lors qu’elle est connue, chez un apparenté.

Dans la plupart des cas, le test n’apportera qu’une indication d’un risque d’apparition d’une maladie au cours de la vie, mais ne constituera pas un indicateur précis car, outre les facteurs génétiques, des facteurs environnementaux jouent un rôle important.

La deuxième consultation – consultation de rendu du résultat

Le médecin prescripteur de l’analyse génétique vous rendra le résultat de ces analyses dans le cadre d’une consultation. Il répondra à toutes vos questions concernant les modalités de prévention et de suivi, en fonction des organes à risque de cancer.

Si une anomalie génétique est identifiée, quelles sont les conséquences ?

Si une anomalie génétique a été identifiée (le résultat est dit «positif»), celle-ci est responsable d’une augmentation du risque de développer un cancer dans la famille. Dans ce cas, vous pourrez proposer à vos proches de réaliser un test pour déterminer s’ils sont porteurs ou non de cette même anomalie génétique (test génétique prédictif):

  • Si le test est positif chez vos apparentés, alors ceux-ci ont un risque plus élevé de développer un cancer que la population générale. Ils pourront bénéficier d’une surveillance spécifique.
  • Si aucune anomalie génétique n’a été identifiée (le test est dit «négatif») chez vos apparentés, alors ceux-ci ont le même risque de développer un cancer que la population générale.

Ce résultat aura également des conséquences concernant votre prise en charge, puisque cela signifiera que vous êtes plus à risque de développer un second cancer, du même organe ou d’un autre organe ( par exemple un cancer de l’ovaire en cas de prédisposition héréditaire au cancer du sein). Une prise en charge adaptée vous sera alors proposée.

Ces mesures de prévention et de surveillance, conformes aux recommandations nationales, varient selon l’organe à risque de cancer. Un suivi très régulier est toujours préconisé, pour un dépistage le plus précoce possible. Des examens complémentaires, et parfois des chirurgies prophylactiques, sont recommandés.

Si aucune anomalie génétique n’est identifiée dans votre famille, quelles sont les conséquences ?

Si le résultat est négatif, il est toutefois possible qu’une anomalie génétique soit présente, mais non détectable par les techniques actuelles. Il est également possible qu’une anomalie génétique existe alors qu’elle n’est pas encore connue et identifiée comme prédisposant aux cancers.

En fonction de votre histoire personnelle ou familiale, une surveillance spécifique vous sera proposée.

Prédispositions héréditaires au cancer

Les gènes sont de minuscules éléments qui constituent les informations sur l’identité d’un individu. Ils contiennent l’ADN, support du patrimoine génétique. L’ADN est une longue double chaîne de molécules en forme d’hélice. Il est réparti régulièrement le long des chromosomes contenus dans le noyau de chaque cellule de notre corps.

On peut localiser sur chaque chromosome des segments particuliers :

Ce sont les gènes. Les gènes sont des sortes d’«instructions» qui signalent aux cellules comment fonctionner. Ils contrôlent notre croissance et notre développement. Ce sont eux qui font ce à quoi nous ressemblons et qui indiquent à notre organisme comment travailler. Ils contrôlent également les réparations de nos cellules quand elles sont abîmées. Parmi les 25 000 gènes qui constituent le patrimoine génétique de chaque individu, un certain nombre d’entre eux, lorsqu’ils sont altérés, ont un rôle important dans l’apparition et le développement de certains cancers. Ces gènes ne sont pas encore tous connus.

Il est important de rappeler que pour la grande majorité des maladies, les gènes n’influencent que partiellement le risque de les développer. D’autres facteurs comme les antécédents médicaux, le mode de vie et l’environnement jouent également un rôle majeur.

Les principales prédispositions héréditaires au cancer concernant le cancer du sein et le cancer du côlon (gros intestin). Elles se transmettent selon un mode autosomique dominant, ce qui signifie que chaque enfant ‘une personne atteint a un risque de 50% d’avoir hérité de la prédisposition.

Prédisposition héréditaire au cancer du sein ou syndrome sein-ovaire :

Le cancer du sein est une maladie fréquente puisqu’il touche environ une femme sur dix; il n’est donc pas rare d’avoir une femme atteinte dans sa famille. Seulement 5% des cancers du sein sont expliqués par une prédisposition génétique.

Deux gènes importants sont actuellement identifiés : on les a appelés les gènes BRCA1 et BRCA2, abréviations de «BReast CAncer» (cancer du sein en anglais). Ces deux gènes ont été respectivement identifiés en 1994 et 1995. Le risque génétique est suspecté devant un grand nombre de cas familiaux sur plusieurs générations et survenant à un jeune âge.

Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 exposent à un risque élevé de cancer du sein, mais également à d’autres tumeurs et en particulier au cancer de l’ovaire. Une prise en charge adaptée doit être proposée : il existe des mesures de dépistage et de prévention à mettre en œuvre, y compris des mesures chirurgicales.

Une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 peut être transmise par une femme ou un homme : les hommes peuvent aussi avoir une anomalie dans un de ces gènes, mais leur risque accru de cancer est très faible.

Dans les années à venir, les biologistes trouveront probablement d’autres gènes impliqués dans le développement du cancer du sein et/ou de l’ovaire.

Prédispositions héréditaires au cancer du côlon :

En Belgique, le cancer colorectal est en constante augmentation avec plus de 7000 nouveaux cas chaque année, dont 3 à 5% sont dus à une prédisposition héréditaire. La plupart des cancers du gros intestin (côlon et rectum), qu’ils soient héréditaires ou non, se développent à partir d’une tumeur bénigne appelée polype adénomateux, ou adénome. Un polype est une petite excroissance en forme de champignon qui ne donne le plus souvent aucun symptôme, mais qui va pouvoir se développer au cours du temps et grandir pour finalement se transformer en cancer.

Il existe deux principaux syndromes de prédisposition héréditaire au cancer du côlon : la Polypose Adénomateuse Familiale (PAF) et le syndrome de Lynch. La polypose est caractérisée par le développement précoce (à partir de 10 ans) d’un grand nombre de polypes (plusieurs centaines, voire plusieurs milliers) sur le côlon et le rectum alors que le syndrome de Lynch est caractérisé par un développement un peu moins précoce (à partir de 20 à 25 ans) de polypes qui ne se développent pas en nombre accrus, mais qui ont la caractéristique de se développer plus rapidement.

Polypose Colique Familiale ou Polypose Adénomateuse Familiale (PAF) :

La polypose adénomateuse familiale est une maladie héréditaire causée par une anomalie au niveau d’un gène, le gène APC (Adenomatous Polyposis Coli), localisé sur le chromosome 5. C’est cette anomalie, encore appelée “mutation”, qui est responsable du développement des polypes.

Cette prédisposition est caractérisée par le développement d’un grand nombre de polypes (plusieurs centaines, voire plusieurs milliers) surtout sur le côlon et le rectum. Les polypes apparaissent généralement dès l’âge de 10 à 12 ans, mais la transformation d’un polype en cancer ne se fait que très exceptionnellement avant l’âge de 20 ans. Par contre en l’absence de traitement, ces polypes dégénèrent en cancer chez la plupart des patients avant l’âge de 40 ans. En l’absence d’un traitement chirurgical adapté la croissance et la transformation d’un ou plusieurs de ces polypes en cancer est inéluctable.

Cette affection peut s’exprimer différemment d’une personne à l’autre (âge d’apparition, nombre de polypes, symptômes associés). D’une famille à l’autre, les symptômes peuvent également varier.

À côté des manifestations purement intestinales, la polypose peut s’accompagner d’autres lésions, dites extra coliques. Elles sont variables et se développent de manière différente d’un patient à l’autre. Il s’agit des kystes épidermoïdes, qui ne deviennent jamais cancéreux, des tumeurs des os ou ostéomes, non cancéreuses, des polypes du duodénum (première portion du petit intestin, à la sortie de l’estomac) qui peuvent devenir cancéreux et nécessitent donc une surveillance endoscopique régulière par un gastro-entérologue.

Il peut également s’agir des tumeurs desmoïdes qui se présentent comme un développement excessif des tissus conjonctifs sous la forme d’épaississement dur et fibreux rappelant par leur aspect les tissus cicatriciels. Ces tumeurs sont bénignes mais peuvent par leur croissance refouler ou comprimer les organes du voisinage. Elles se développent à l’intérieur de l’abdomen au niveau des muscles abdominaux.

Le cancer colique héréditaire sans polypose ou syndrome HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer) ou syndrome de Lynch :

Dans ce syndrome, il arrive fréquemment que plusieurs membres d’une même famille développent un cancer du côlon précoce. Le facteur de risque principal de ce cancer colorectal héréditaire est la présence d’une mutation c’est à dire une variation anormale dans la composition habituelle d’un gène qui altère son fonctionnement. Parmi les gènes associés au syndrome HNPCC, les mutations touchent essentiellement deux d’entre eux, qui sont appelés MSH2, MLH1 et MSH6. Ces gènes participent à une même fonction dans les cellules, celle d’assurer l’intégrité de leur patrimoine génétique lorsqu’elles se multiplient. La perte de cette fonction entraîne une caractéristique des cellules cancéreuses appelée MSI (pour MicroSatellite Instability) ou RER (Replication ERror).

Cette caractéristique peut être recherchée sur une tumeur afin de dépister les cancers du côlon survenant dans un contexte de syndrome de Lynch.

Le risque qu’un cancer dans une famille soit dû à une mutation de l’un ou l’autre des gènes actuellement connus est important si au moins deux des situations suivantes sont observées :

  • Le cancer colorectal est présent sur plusieurs générations d’une famille.
  • L’un des cancers est apparu avant 50 ans.
  • Des personnes ont eu plusieurs cancers, à plusieurs endroits du côlon ou dans un autre organe, comme l’endomètre par exemple.

On conseille aux personnes ayant le (ou ayant un risque d’être atteintes du) syndrome de Lynch de se faire examiner le gros intestin par une endoscopie (= côlonoscopie classique) tous les 1 à 2 ans en fonction des conseils du médecin et des résultats antérieurs et ce à partir de 20 à 25 ans.

Le syndrome HNPCC confère également un risque important de cancer de l’utérus (cancer de l’endomètre et non cancer du col de l’utérus) justifiant une prise en charge adaptée à partir de 30 ans : une échographie vaginale et un examen sanguin sont souhaitables tous les ans. En période péri-ménopausale, la possibilité de l’ablation préventive de l’utérus, des ovaires et des trompes utérines peut être envisagée.

Le risque de développer d’autres cancers (ovaire, estomac, voies urinaires, voies biliaires et intestin grêle) paraît plus élevé dans les familles atteintes de syndrome HNPCC que dans la population générale, mais cette faible augmentation de risque ne justifie pas un dépistage systématique.

Les autres :

Il existe plus rarement encore d’autres prédispositions héréditaires aux cancers de la peau (mélanomes), de la thyroïde (cancer médullaire de la thyroïde), …

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REMARQUE IMPORTANTE

Ces informations n’ont pour but de ne fournir que des informations générales et ne doivent pas servir d’aide pour poser un diagnostic ou proposer un traitement pour des cas particuliers. Il est très important de consulter votre médecin pour votre cas particulier.