Question : l’Helicobacter pylori, c’est quoi ?
L’Helicobacter pylori est une bactérie qui se développe dans l’estomac et qui est responsable d’une infection chronique de l’estomac touchant près de la moitié de la population. L’infection à Helicobacter pylori est l’infection bactérienne chronique la plus répandue, après la carie.
Elle tire son nom de sa forme en spirale et de sa localisation préférentielle, le pylore (partie terminale de l’estomac). Elle vit exclusivement dans l’estomac humain et est la seule bactérie connue pouvant survivre dans un environnement aussi acide. Son enveloppe hélicoïdale pourrait l’aider à se visser dans le mucus de la paroi de l’estomac afin de la coloniser et d’y persister.
La grande majorité des personnes contaminées par l’Helicobacter pylori n’ont pas de symptôme et ne développeront aucun problème au cours de leur vie. Toutefois, chez certaines personnes, elle peut entrainer diverses maladies et, en particulier, des ulcères.
Elle a été découverte en 1982 par deux chercheurs australiens John Robin Warren et Barry Marshall. Cette découverte leur a valu le prix Nobel de médecine quelques années plus tard !
Question : comment attrape-t-on l’Helicobacter pylori ?
L’infection à Helicobacter pylori se fait généralement dans l’enfance. Elle passe le plus souvent inaperçue et elle persiste toute la vie le plus souvent sans faire parler d’elle et sans conséquence.
Le taux d’infection varie en fonction de nombreux critères comme l’âge, l’origine géographique et les conditions de vie. Le mode d’infection est en effet lié à la promiscuité qui constitue un terrain favorable à la transmission de personne à personne. Dans les pays développés, 1 adulte sur 5 est infecté à l’âge de 20 ans et l’infection est rare avant 4 ans. Après 60 ans, c’est près d’une personne sur deux qui est infectée. Avec l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène dans les pays développés, l’infection est moins fréquente pour les nouvelles générations que pour les anciennes.
Théoriquement, l’homme peut être contaminant par deux moyens : la voie orale ou par ses selles. La transmission de la bactérie se fait essentiellement par une transmission directe de personne à personne oro-orale et surtout gastro-orale. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectée par des régurgitations ou lors des vomissements. La transmission par les selles, suite à un contact par l’intermédiaire des mains ou encore à cause de l’eau et d’aliments contaminés, est plus rare et se rencontre plutôt dans les pays en voie de développement où l’hygiène est déficiente.
Question : quelles sont les maladies associées à l’Helicobacter pylori ?
- Les gastrites : la bactérie provoque chez la personne infectée une gastrite chronique qui persiste toute la vie si l’infection n’est pas traitée. Le plus souvent, elle est d’évolution silencieuse sans manifestation ou symptôme particulier.
- Les ulcères : la responsabilité de Helicobacter pylori est à présent bien établie dans la genèse et l’entretien d’ulcères. Au niveau de l’estomac, Helicobacter pylori est responsable de 7 ulcères sur 10. Le duodénum est la partie de l’intestin qui suit immédiatement l’estomac, 9 ulcères duodénaux sur 10 sont liés à Helicobacter pylori.
- Le cancer de l’estomac : dès 1994, l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer a classé Helicobacter pylori comme carcinogène de classe I, c’est à dire entraînant un risque de cancer certain chez l’homme. À présent, on estime que la bactérie est responsable de 60 à 90 % des cas de cancers gastriques. Par ce biais, Helicobacter pylori pourrait faire plus de morts par an que les accidents de la route, car le cancer gastrique est particulièrement meurtrier. Cependant tous les sujets infectés ne feront pas de cancer gastrique, loin de là, 1 à 3% des sujets infectés pourraient développer un cancer gastrique. Plusieurs années sont nécessaires pour parvenir à ce stade ultime, parfois même plus de 30 ans. Se débarrasser de l’infection évite cette évolution surtout si cela est fait précocement avant l’apparition de lésions.
- La dyspepsie («mauvaise digestion») : un lieu de causalité est débattu : certaines personnes peuvent ressentir un bénéfice sur leurs symptômes en se débarrassant de l’infection alors que d’autres n’en auront aucun.
- Les autres maladies autres que digestives: de nombreuses études en cours cherchent des liens potentiels entre Helicobacter pylori et d’autres affections comme les migraines, la maladie de Parkinson, des pathologies cardiovasculaires ou certaines pathologies immunitaires. Pour l’instant, ces hypothèses ne sont pas confirmées.
Question : comment savoir si je suis infecté ?
Il existe plusieurs méthodes de diagnostic de l’infection.
La gastroscopie peut être réalisée en fonction des symptômes et du contexte et surtout si le médecin la juge utile. Elle permet une visualisation directe de l’intérieur de l’estomac et du duodénum mais aussi la recherche de Helicobacter pylori par une analyse au laboratoire du petit fragment prélevé dans la paroi de l’estomac (biopsie).
Quand une gastroscopie n’est pas nécessaire, il existe également des moyens dits non-invasifs pour rechercher la bactérie :
- Sérologie (sur une prise de sang) : on peut ainsi rechercher des anticorps spécifiques que le système immunitaire développe en réaction à la présence d’Helicobacter pylori.
- Analyse de selles : il existe des tests qui détectent la présence d’antigènes de l’Helicobacter pylori dans les selles.
- Test respiratoire : après avoir ingéré un liquide «révélateur» (urée diluée dans un verre d’eau), il suffit de souffler dans un tube, l’analyse de l’air expiré permettant de détecter indirectement la présence de Helicobacter pylori.
Question : qui devrait être testé pour l’Helicobacter pylori ?
En cas de symptômes : il est recommandé de tester les personnes qui ont ou qui ont eu un ulcère de l’estomac ou du duodénum (partie initiale de petit intestin situé juste après l’estomac). Certains patients qui ont une dyspepsie (mauvaise digestion) sans ulcère peuvent également bénéficier de l’éradication de l’Helicobacter pylori.
Enfin, les personnes qui présentent une forme particulière de cancer de l’estomac (Lymhome du MALT) doivent absolument être testés pour ce microbe car dans certains cas le traitement antibiotique suffit à guérir le cancer !
En l’absence de symptôme : si vous avez des parents proches ayant souffert d’un cancer de l’estomac, il est également fortement recommandé de se faire tester. Il peut également exister d’autres catégories de personnes à risque pour lesquelles il est souhaitable de se faire tester, en particulier les personnes originaires de pays où l’incidence du cancer gastrique est plus importante (Japon, Chine, Corée, Amérique Centrale, …).
Question : comment puis-je me soigner ?
Si la bactérie est détectée dans l’estomac, elle peut être éradiquée grâce à un traitement antibiotique court (1 à 2 semaines), simple et efficace dans 90 % des cas.
Helicobacter pylori est une bactérie, il faut donc la traiter avec une association d’antibiotiques, accompagnée d’un médicament pour lutter contre l’acidité gastrique pendant toute la durée du traitement (inhibiteur de la pompe à protons). On effectue par la suite un test de contrôle pour vérifier que la bactérie a bien disparu de l’estomac. La méthode de référence pour effectuer ce contrôle est le test respiratoire, si la gastroscopie n’est pas nécessaire. Ce contrôle est indispensable car la bactérie peut ne pas être éliminée dès le premier traitement. Ceci peut être dû à une résistance de celle-ci aux antibiotiques utilisés mais parfois à un traitement mal ou insuffisamment suivi. Il est donc important de respecter scrupuleusement le traitement instauré par le médecin. En cas d’échec, de nouvelles associations d’antibiotiques peuvent être préconisées. L’éradication de Helicobacter pylori stoppe l’évolution des lésions de l’estomac quel que soit l’âge du malade. Le bénéfice est donc réel même si on a été infecté depuis de nombreuses années. En ce qui concerne le cancer de l’estomac, il y a un bénéfice à traiter surtout si on traite précocement avant l’apparition des lésions. Une fois la bactérie éradiquée, la réinfection est rarissime. Le traitement peut donc être considéré comme définitif.
REMARQUE IMPORTANTE
Ces informations n’ont pour but de ne fournir que des informations générales et ne doivent pas servir d’aide pour poser un diagnostic ou proposer un traitement pour des cas particuliers. Il est très important de consulter votre médecin pour votre cas particulier.